Peu de temps après La dernière pluie, Muriel Mben l’auteur et anthropologue revient avec une nouvelle tout aussi surprenante que rafraîchissante. Elle m’a fait l’honneur de me faire lire sa récente publication en attendant la parution de son 1er roman dont la sortie annoncée est prévue 2016.
Le passager irrégulier (the unruly passenger) fait partie d’un recueil de nouvelles « Winter Shorts » publiées chez « Edition Assemblage«
J’ai pris le temps de lire son « short story » qui est rédigé en anglais et j’ai ainsi pu découvrir ainsi que la « french speaking » manie à la perfection la langue de William Shakespeare.
Dans mon canapé, je me suis posée, j’ai ouvert une bouteille de Monbazillac de 2010, j’ai laissé couler le précieux liquide et dès lors, je suis montée dans le train.
Assise près du hublot je regarde Ugochi Emeka une nigérianne dont les minutes dans ce train en Allemagne est le quotidien de milliers d’africains ayant décidé de s’établir en « Toubabie ». Contre son gré, elle fait partie de cette minorité visible qui a décidé sans le vouloir de polluer le quotidien trop bien rangé de leurs hôtes : la race pure. Cette jeune dame est la digne héritière jalouse de sa culture. Notez qu’elle s’appelle Ugochi Emeka et pas Ornella ou Bianca mais juste Ugochi Emeka. Restée naturelle avec ses cheveux de noirs crépus et fière de pouvoir se montrer telle qu’elle est. Je n’ai pu m’empêcher de penser qu’ à ce niveau l’anthropologue qu’est l’auteure s’est laissé corrompre par ses convictions rendues plus exacerbées après tant d’années passées chez le « Blanc » vrai ou pas c’est mon ressenti.
Et je regarde Ugochi Emeka, s’étonner et rire de ce qu’ être noire au nez épaté et aux cheveux crépus est, demeure et reste un « souci » pour bien des blancs. Oui, me direz-vous, tous les blancs ne sont pas pareils. c’est un fait. Mais va savoir pourquoi! Ugochi Emeka, elle en est convaincue malgré les réfutations de sa potesse qui lui assure que tous les blancs ne sont pas racistes ou « négro-allergiques ».
Rien de nouveau sous le soleil. Le racisme et autre xénophobie sont devenus tellement intégrés que l’on parle assez souvent de racisme ordinaire. C’est devenu banal et normal…. Bref
Je continue de regarder Ugochi Emeka et je décide de m’attarder sur cette femme qui en bien des points me ressemble, te ressemble, nous ressemble.
Ugochi semble s’enorgueillir de sa singularité: je suis particulièrement fan de la transcription de la réalité. Quand elle parle avec sa copine au téléphone ce n’est point dans un anglais académique rigidement rigide; mais telle une amie qui parle à son amie pour se libérer ou se soulager d’un missossi qui ne peut attendre de se voir en face.
Fortement apprécié également la structure des phrases. Point de tournure ni de vocabulaire « gromologique » je vous recommande fortement cette nouvelle.
Pour mon plus grand plaisir, Muriel s’est améliorée, sa plume est très subtilement empreinte d’une maturité mais aussi d’un ras le bol assumé. J’ai trop rapidement avalé les 11 pages de l’histoire et je demande de nous régaler davantage en rajoutant plus de pages à l’avenir.
A la première personne qui en exprime le souhait j’offre chaleureusement la première publication de l’auteur Muriel Mben . « Pour toi elle m’a fait l’honneur de le dédicacer. »
Et voilà! Tu m’as déjà donné envie de lire (et de boire un bon verre de liquide alcoolisé)… Donc apprête mon exemplaire alors.
Je suis partant pour une plongée enivrante,
Vraiment curieuse de lire cette nouvelle…
Vraiment hâte de lire la nouvelle en entier 🙂
Ça me fait penser à l’auteur Chimamanda Ngozi Adichie et à sa vision de l’identité noire.
Grâce Minlibé
Auteur de Chimères de verre
http://goo.gl/393hnI