Deuxième thème de l’aventure, l’immigration clandestine. Un thème qui me tient à coeur. Rien à voir avec les images tragiques que les télévisions Européennes aiment montrer. Je vous amènerai où tout commence! Dans les coins reculés du Sénégal, là où les politiques ne concentrent leurs discours et promesses que quand les échéances électorales sont toutes proches.Vous savez? On croit très souvent savoir et comprendre le pourquoi du comment assis dans un canapé somptueux, mais je vous assure qu’il n’en est rien! Faussement intellectuel nous sommes des IGNORANTS qui s’ignorent. Pour ceux qui ne le savent pas, je travaille pour une ONG Internationale de protection de la nature, qui se concentre sur les problématiques marines et côtières. La crise qui gangrène le secteur de la pêche fragilise au premier rang les pêcheurs et tous ceux qui gravitent autour de cette activité. L’histoire que je vais vous raconter est celle de bien des familles dans les communautés côtières, tout ce qui sera relaté ici est inspiré de faits réels, et toute ressemblance avec des une histoire vécue n’est et ne sera que le fruit du hasard. Vu qu’au Sénégal 100 personnes peuvent avoir le même patronyme, il se pourrait que les personnages qui suivront soient des homonymes.
Il est 16 heures, les premières pirogues commencent de revenir de leur sortie, la mine dépitée Samba Diallo, se dit qu’il est loin le temps où les eaux poissonneuses lui
donnaient à pêcher sans efforts. Aujourd’hui, malgré les dispositions prises à Cayar, il faut aller de plus en plus loin pour pêcher et encore…. Samba remontait à présent sa pirogue avec l’aide de ses compagnons. Sans demander son reste, il ne répondait pas aux appels de ses collègues; de toutes les façons leur modique prise avait déjà un acquéreur, nul besoin de s’égosiller des heures durant! OUI! Si vous pensez que Samba est dépité, vous n’aurez pas tort. « A quoi bon continuer se disait- il, il est temps que je passe à autre chose ». Il s’arrêta un instant au MBAROU THIOSSANE* pour discuter avec les « sages »… « C’est à vous déprimer d’avantage, les « vieux » n’arrêtent pas de se plaindre en parlant du bon vieux temps, de leur gloire passée…Il en prit congé et s’en alla…
Zainab Sarr, maman de deux adolescents de 19 et 17 ans, ne savaient plus où donner de la tête. Elle est mère et père car Amadou Sarr, son époux est mort lors d’une sortie en mer il y a deux ans de cela. Les quotidiens sont faciles à gérer et les 3 repas journaliers relèvent de l’exploit quand ils sont assurés. Et dans ces conditions s’occuper de deux adolescents n’est pas une chose facile. Deux adolescents, parlons en!
Demba et Ibou n’ont pas échappé aux statistiques. Je m’explique : il faut savoir qu’ à Cayar, au moins 90% des enfants de pêcheurs finissent par excercer dans la filière (pêcheurs, mareyeurs…). Ils sont pêcheurs et rêvent d’une vie meilleure. En plus, ils ont une grande admiration pour Moussa Kane, un france nabé*, parti en Espagne dans des conditions demeurées floues. Hum! Quand Moussa rentre au bercail, le farotage atteint un niveau qui dépasse tout entendement. L’argent n’a pas d’odeur et beaucoup de jeunes restés au pays ne cherchent pas à connaître dans quelles conditions vivent leurs compatriotes… lesquels eux-mêmes ne vous diront comment ils vivent la-bas. CHUT! C’est un secret! Et puis qu’on le veuille ou non l’Euro pèse devant le F CFA. L’opération Barça ou Barsakh peut ainsi démarrer…
Par un heureux hasard ou pas, les chemins de Samba, Zainab et ses deux jeunes enfants vont se croiser. Au cours d’une conversation, Samba se laisse tenter par une proposition de convoyage et le voici passé de pêcheur à passeur. Prix de la traversée 3.000.000 F CFA rien que ça. Au Sénégal, l’achat de bijoux sert d’épargne et en cas de coup dur, ils sont revendus: ici comme ailleurs, l’or est une valeur sûre. Pour compléter, le « pass », Zainab a vendu un terrain et participe à une tontine pour boucler son budget.
La suite, vous la devinez déjà; mais je vais tout de même vous la raconter après un périple de plusieurs jours et nuits dans des conditions inhumaines que je préfère ne pas relaté ici, Ibou arrive enfin en Espagne. Je sais vous vous demandez où est passé Demba son frère, il en porte le deuil. L’immensité de l’océan qu’il fuyait est à présent sa tombe…..
Je vous encourage à regarder ce film de Moussa TOURE qui traite du sujet dans La pirogue
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=kCplSewei90&w=560&h=315]
Des solutions existent…..
A Cayar, une association d’immigrés clandestins rapatriés au Sénégal et venu de Cayar a vu le jour. Ils se sont constituent en GIE et évoluent dans des secteurs économiques qui ne contribuent pas à augmenter une pression sur les ressources halieutiques. L’ONG pour laquelle je travaille les a appuyés et accompagnés. Il m’est arrivée de discuter avec certains d’entres eux. Il y en a qui ont juré qu’ils retenteront la traversée, d’autres traumatisés à vie se sont découverts un sacerdoce: décourager les jeunes qui seraient tenter de traverser l’océan….
Sans vouloir justifier ou juger, j’ai voulu vous faire connaître le pourquoi. Et comme je vous dis, je ne veux pas juger. Chacun sait ce qui le motive. Je comprends mais je dois avouer que je pense que ceux et celles qui le font doivent être GRANDEMENT en détresse. Ce matin encore aux INFOS, un Camerounais se faisait molester par la police espagnole; c’est inconscient qu’il a été rappatrié au Maroc. NON! Je ne juge pas mais ça fait très mal…..
Challenge relevé.
Passez voir
Et si vous vous demandez c’est quoi le The Blog Contest, où tout a commencé ICI.
Mbarou Thiossane: Abri public où les sages se réunissent
France nabè: expression sénégalaise pour désigner les « immigrés » qui rentrent souvent au pays
Barça= Barcelone
barsakh= l’ au delà en Wolof
Les photos utilisés pour cet article sont mon ENTIÈRE PROPRIÉTÉ
Bel article. On sent que tu maîtrises le sujet, tellement tu es à l’aise quand tu en parles. En te lisant, j’imagine la peine que tu as eue à ne pas produire un texte trop long.
J’aurais tout de même aimé que tu proposes quelques solutions concrètes à ce problème, parce que je me dis que la solution idéale c’est celle qui empêche les jeunes de tenter l’aventure. Et la sensibilisation seule ne sera jamais assez efficace contre ce fléau.
Une triste réalité. Le mythe de l’occident…
[…] 2e éditions du The Blog Contest qui vous donnent leur vision de l’immigration clandestine : Armelle, Christian, Dany, Martial et […]
Beau texte, touchant. COntrairement à Will, je ne m’attendais pas à des propositions. Le ressenti est parfois suffisant. Sur le même thème, un texte publié il y a près d’un an suite à la tragédie de Lampedusa http://wp.me/p3aGEL-r
Je suis d’accord, Anna, que le ressenti est parfois suffisant. J’ai parlé des solutions parce qu’elle a indiqué en titre que des solutions existent. Je m’attendais donc à ce qu’elle en propose quelques unes (en plus de la sensibilisation qui à mon avis ne peut pas efficacement endiguer ce phénomène)
Tu penses réellement qu’on puisse endiguer ce phénomène? Je veux dire sortons d’Afrique vs. Europe. Mexique vs. Us, Inter-africa? La problématique est vaste. Je pense que le débat est plutôt comment éviter l’immigration clandestine meurtrière et le trafic humain lié.
Endiguer le phénomène ? C’est possible mais pas dans l’immédiat. On peut cependant le réduire en offrant du travail aux jeunes, par exemple. En mettant en place des structures pour réduire la misère. En rendant autonome la tranche de la population la plus touchée par l’immigration. C’est un travail de longue haleine, mais c’est possible d’y arriver. Ceux qui partent le font parce qu’ils croient que les conditions de vie sont meilleures ailleurs. S’ils vivaient bien chez eux, beaucoup ne tenteraient pas l’aventure.
Très bel article Armelle. Des mots qui touchent. Et tu as raison, il est souvent très facile pour nous de juger quand on ne vit pas le niveau de détresse de certains qui sont juste à la quête d’un rêve.
Mamour on peut croire k tu as tenter hein..krkrkrkr…no mais plus sérieusement. .article très profond. Le fait est que souvent les gens sont désespère de voir que leur propre pays ne se soucis pas de leur conditions..au Cameroun j’entends souvent les jeunes dire « comment je peux souffrir dans mo prpropre pays » c coe si la nation les a abandonné à eux mm..c coe sa que ce genre d’idées naissent…pire encore coe tu as dit si un ami est allé e a » réussi « ..c triste l’Afrique perds ses fils chaque jour..
Triste realité que la situation de plusieurs jeunes en afrique qui n’ont d’autres solutions que de tenter la traversee, souvent au peril de leur vie. Mais j’aime bien le fait de montrer que ses solutions existent parmi lesquelles la libre association pour essayer d’informer. C’est deja un pad que de savoir ce que c’est vraiment avant de se jetter dans la guele du loup. Ca force la reflexion.
Félicitations pour avoir l’un des blogs les plus utiles que je ai tombé sur un certain temps ! Il est tout simplement incroyable combien vous pouvez vous éloigner de quelque chose de tout simplement parce que de la façon dont il est visuellement magnifique . Vous avez mis en place un grand espace de blog grands graphique , mise en page. intheeyesofleyopar.com est certainement un blog incontournable !
[…] Deuxième thème de l’aventure, l’immigration clandestine. Un thème qui me tient à coeur. Rien à voir avec les images tragiques que les télévisions Européennes aiment montrer. Je vous amènerai où tout commence! Dans les coins reculés du Sénégal, là où les politiques ne concentrent leurs discours et promesses que quand les échéances électorales sont toutes proches.Vous savez? On croit très souvent savoir et comprendre le pourquoi du comment assis dans un canapé somptueux, mais je vous assure qu’il n’en est rien! Faussement intellectuel nous sommes des IGNORANTS qui s’ignorent. Pour ceux qui ne le savent pas, je travaille pour une ONG Internationale de protection de la nature, qui se concentre sur les problématiques marines et côtières. La crise qui gangrène le secteur de la pêche fragilise au premier rang les pêcheurs et tous ceux qui gravitent autour de cette activité. La suite ICI […]